• Chapitre 8

    Chapitre 8: Confiance

    Laurent et moi sommes heureux ensemble. Je me remettais très lentement de la perte de ma famille mais grâce à lui, j'arrive parfois à oublier mes problèmes. Sauf que, bien évidemment, le père de Laurent ne veut pas que son fils ait une copine à cause d'une mauvaise expérience...

     

        Je me réveille une minute avant la sonnerie de mon alarme. J'allume la lumière de ma chambre, m'habille et descends prendre mon petit-déjeuner. Ça fait déjà trois semaines que le père de Laurent n'a rien fait. Il n'a pas puni Laurent, il n'est pas venue me voir et n'a fait aucun coup contre nous. Faut-il penser qu'il a laissé tomber ? Quoiqu'il en soit, je me suis concentrée sur les cours, et pour le moment, ma moyenne qui avait pas mal baissée est remontée à quatorze. Je mets des pains à griller, sors le jus d'orange, le lait, des fruits et de la confiture. Lucie ne met pas longtemps à me rejoindre. C'est avec un grand sourire qu'elle me salue. Elle me remercie aussi de préparer le petit-déjeuner. Elle s'assoit et commence à me demander comment va le collège en ce moment. Avec son travail, elle finit tard le soir et de ce fait, nous ne nous croisons pas souvent. Tout en tartinant mes pains de confiture, je lui raconte comment se passe ma scolarité. Nous sommes en fin avril, dans trois jours se sont les vacances. Lucie prévoit de nous emmener à la montagne, histoire de se rafraîchir un peu et de profiter du calme et du paysage. Je lui réponds en souriant que ça me ferait plaisir d'y aller. Au fond de moi, je n'en ai aucune envie. J’ai passé tellement de temps à la montagne avec ma famille qu'y aller avec eux va me faire un drôle de sentiment. Je n'ai pas très envie de penser au passé. Je termine vite mon verre de jus d'orange et m'excuse de me dépêcher ainsi. Alors je prétexte la peur de rater le bus.
    " Ne t'inquiète pas, je comprends, passe une bonne journée", me dit Lucie. Je monte en hâte à la salle de bain et finit de me préparer. Je prends mon sac et pars à l'arrêt. Finalement, j'y arrive dix minutes trop tôt. Je sors mes écouteurs pour mettre du rock alternatif. Je sors aussi mon portefeuille pour regarder combien d'argent il me reste. En tout, j'ai huit euros et soixante cinq centimes. Le bus arrive sept minutes plus tard, donc en avance, et repart à l'heure habituelle. Encore une journée qui commence. J'ai arrêté de dire des journées "normales" car on ne sait jamais ce que nous prévoit le futur.

         Au collège, en cours d'histoire, nous avons un contrôle surprise. Encore heureux que j'ai pensé à relire ma leçon hier soir. Je le fais plutôt facilement. A midi, je rejoins Émilie qui est toute seule.
    " Bah alors ? Où est Lucas ?" Elle soupire et lève la tête au ciel avec un air désespéré.
    " Il s'est... ramassé pendant le cours d'EPS, elle rigole puis soupire une nouvelle fois. Tu l'aurais vu tombé, c'était épique. Sauf qu'il s'est fait une entorse, alors son père est venu le récupérer pour l'amener à l'hôpital. "On sait jamais, peut-être t'es-tu cassé un os" a-t-il dit à Lucas. Donc ce dernier s'est excusé de devoir me laisser toute seule.
    - J'espère que ce n'est pas trop grave.
    - Oh... Je ne pense pas. Son père est de nature à exagérer et à tout voir comme une catastrophe. Donc voilà.
    - Tu as rencontré ses parents ?
    - Oui, le weekend dernier. Il voulait absolument que je les rencontre. Alors il a tout prévu. Son père est donc quelqu'un qui exagère énormément, mais sa mère est sympathique. Un peu méfiante quand elle ne nous connait pas, mais une fois les présentations faites, et si nous lui plaisons, elle est gentille." Je souris à l'entendre et je suis contente pour elle.
    " Donc ses parents t'ont acceptée ?
    - Oui !" Elle se tourne vers moi, le regard interrogatif. "Tu ne m'avais pas dit que la mère de Laurent t'aime bien ?
    - Si. Elle est vraiment quelqu'un de bien.
    - Son père alors ?" C'est à mon tour de soupirer.
    " Lui, il ne peut pas me saquer. Il ne veut pas que son fils ait une petite amie sous prétexte que lui a vécu une mauvaise expérience.
    - Ah oui..." Elle s'arrête et semble réfléchir. Elle pose une main sur mon épaule puis sourit.
    " Prouve-lui que tu mérites Laurent." J'acquiesce et nous partons déjeuner. Nous parlons de tout et de rien puis à la sonnerie nous regagnons nos classes.

         A la récréation de l'après-midi, je m'assois sur un banc près de l'herbe. Il ne me reste plus qu'une heure de cours, une heure de mathématiques. Je regarde mon portefeuille et je sens quelqu'un s'installer à côté de moi. Je me tourne en cachant ma surprise.
    " Tu as eu peur ?" Me demande Laurent en rigolant. Je rigole à mon tour.
    " Qu'est-ce qu'il a ton portefeuille ?
    - Pardon ?
    - Tu le fixais bizarrement...
    - Ah..." Je ne cacherai pas la vérité à Laurent, non, il m'avait fait faire la promesse de tout lui dire. Là, c'est à son tour de me fixer. Il hausse d'un sourcil.
    " Je pensais à ce soir." Il ne répond pas. Il attend que je continue car pour lui, je ne lui ai pas donné de réponse.
    " Je compte aller à la tombe de ma famille.
    - Tu y vas toute seule ?
    - Oui désolée, j'ai envie d'être seule ce soir.
    - Je comprends, il fait une pause puis reprend, sinon, comment va Lightning ?
    - Haha. Elle comprend désormais qu'elle ne doit plus aller chez le voisin. Quand elle y est retournée mardi dernier, je me suis dépêchée d'aller la chercher. Mais ça va que le voisin était absent." Il sourit puis se lève.
    " Je t'accompagne à ton prochain cours." Je me lève à mon tour. Il me prend la main droite et nous nous dirigeons vers la salle de mathématiques. Nous arrivons juste au moment où la sonnerie retentit. Laurent me regarde puis me prend dans ses bras.
    " Je t'aime." Je le serre en souriant.
    " Je t'aime." Il me relâche et part  en regardant dans ma direction.

         Le cours, quant à lui, est long et ennuyeux. Je n'aime pas vraiment les mathématiques mais j'écoute pour avoir de bonnes notes. Mathis, lui, est complètement perdu. Il faut dire que les mathématiques, ce n'est pas son fort. A un moment, il se tourne vers moi.
    " Tu n'as jamais remarqué que le prof ressemble à Gollum ? me chuchote-t-il.
    - Pardon ?" Je le regarde avec de grands yeux.
    " Tu sais, la créature dans le Seigneur des Anneaux ! " Je tourne mon regard vers le professeur. "Il a peu de cheveux, les mêmes petits yeux bleus et la peau clair." Je réfléchis en me remémorant le personnage et commence à avoir un rire étouffé qui se transforme en fou-rire. D'un coup, le cours paraît plus sympathique.

         Une fois dans le bus, j'écoute de la musique. Le brouhaha m'énerve, mais je reste calme. Après tout, les enfants ne comprennent que plus tard qu'on puisse parle sans crier. Le bus part. Le trajet paraît assez long, mais je m'y habitue. Je descends au troisième arrêt du village où se trouve le cimetière, mon ancien village. Je passe devant mon ancienne maison et je m'y arrête. Une famille s'y est déjà installée. Cela me rend triste car c'était dans cette maison que j'avais grandi avec ma famille. Maintenant, ces personnes vont commencer leur histoire, et je le comprends. Sans forcément l'accepter. Je décide de partir avant qu'un voisin ne me voit. Je me dirige vers le cimetière en passant par la rue marchande. Je tourne sur la droite, pousse la porte et entre chez le fleuriste du village. Ou plutôt chez la fleuriste. Elle doit être nouvelle car je ne l'avais jamais vue auparavant. Elle me regarde en souriant. " Bonjour ! Voulez-vous de l'aide ?" Je me tourne vers elle. Elle est jeune, blonde aux yeux verts, elle prend autant soin d'elle que de ses fleurs, vu la confection des bouquets. Je lui souris et lui réponds par la négative. Je connais ma famille. La couleur préférée de ma mère est le vert, celle de mon frère le rouge et celle de ma grande-sœur le orange et le mauve. Je cherche du regard un bouquet avec ces couleurs. Mon regard s'arrête sur un grand bouquet de campanules, de hibiscus de Chine et de chlorophytum. Je regarde le prix. Je prends mon portefeuille et sors l'argent nécessaire. Ensuite, je me dirige tout droit vers le cimetière, sans m'arrêter ni faire de détours. Je l'atteins assez rapidement. Je pousse la grille du portail et pénètre à l'intérieur. Ce qui est bien avec ces cimetières de village, c'est qu'il y a peu de chances de croiser quelqu'un au même moment. Je suis donc toute seule, au milieu de toutes ces tombes. Je rejoins celle de ma famille. On ne m'avait pas demandé s'ils devaient enterrer ma mère, mon frère et ma grande-sœur avec mon père, mais ils l'ont fait, donc ça me va. Je regarde la pierre gravée. Elle est de taille moyenne et est grise claire. On peut lire, gravée d'une belle écriture, la phrase "A la mémoire de Frédéric Camiret et de sa femme Laure, sa fille Julie et son fils Enzo". Je dépose le bouquet et je m'agenouille devant la tombe.

         Le jour de l'enterrement, il n'y avait pas beaucoup de monde. Étaient présents Pascal et Lucie, le petit-ami de Julie, sa meilleure amie, Emilie, Mathis, sa mère et son frère, Laurent et trois collègues à ma mère. Du côté de ma famille, il n'y avait personne. C'était normal. Après le décès de mon père, ma famille paternelle nous avait abandonnés. Ce jour-là, le temps était gris et parfois des rayons de soleil illuminaient quelques parties du cimetière. L'enterrement s'était passé relativement vite. Il avait commencé à dix heures. La veille, on avait incinéré les corps donc il ne restait plus qu'à les déposer dans la tombe. La mère de Mathis était venue auprès de moi et m'avait parlé de sa première rencontre avec ma mère puis de leur amitié en passant par la naissance des plus âgés puis de Mathis et moi. Je m'étais retenue de pleurer, mais au fond, j'étais bouleversée. Après avoir écouté trois discours, j'ai dû déposer les cendres dans la tombe. Mes mains tremblaient tellement que j'avais peur de faire tomber les récipients. Emilie, qui avait senti ma peur, m'avait aidée à les installer. Ensuite, on referma la tombe et les personnes commencèrent à partir après m'avoir saluée et présenté leurs condoléances. J'étais restée plus longtemps à contempler la tombe. Emilie, Mathis, Laurent et Lucie m'avait tenu compagnie, puis Lucie était partie pour récupérer Ophélie, ensuite ce fut au tour d'Emilie qui s'excusa mille fois de devoir me laisser. Laurent aussi dû partir et enfin Mathis après être resté près d'une heure dans le silence à mes côtés. J'étais restée jusqu'à quinze heures, debout, devant la tombe. Il avait plu entre temps, j'étais trempée jusqu'aux os, mais je n'avais pas bougé. Vers quinze heures, le ciel était presque dégagé, je décidai de rentrer. Une fois dans ma nouvelle chambre, je m'installai sur le lit et dormis jusqu'au lendemain.

         Aujourd'hui, je voulais parler à ma famille, c'est pourquoi je suis venue. Toujours agenouillée, je réfléchis aux mots que je vais employer. Puis je me dis que je n'ai pas à faire ça, les mots viendront tous seuls.
    " Papa, maman, vous me manquez, vous ne savez pas à quel point. Aujourd'hui nous sommes le vingt-trois avril. Dans trois jours, je serai en vacances. Je vous avais dit que j'avais recueilli un petit chat, Lightning, mais je ne vous ai pas parlé de Laurent.  C'est un garçon gentil, vous savez, il aime ses amis et s'inquiète pour eux. Il fait tout pour les aider. Il est sérieux et attentif à ce que disent les gens. Il est marrant mais un peu trop têtu. Vous l'auriez adoré. Surtout toi papa. Tu m'avais dit comment tu étais quand tu étais jeune, figure-toi que Laurent te ressemble beaucoup du côté du caractère. Sinon, pour les cours je vous promets que je fais des efforts pour avoir de bonnes notes et ne pas vous décevoir. J'ai décidé de devenir journaliste pour reprendre la place de Julie car je ne pouvais tout de même pas devenir aventurier de l'espace comme voulait le devenir Enzo. D'ailleurs, j'ai aussi fait des efforts en cuisine pour savoir cuisiner du mieux possible vos plats préférés. Ce que je peux dire, c'est que j'y arrive très bien pour les pâtes aux lardons comme les aime Enzo, mais moins bien pour les légumes farcies de Julie. Et après, j'ai repris la danse. L'entraineuse m'a prévenue des compétitions départementales. Elle veut à tout prix que je fasse partie de l'équipe. Pensez-vous que c'est une bonne idée ? Ça faisait plus d'un mois que je n'avais pas dansé, pourtant elle me propose ça. J'ai peur de faire perdre l'équipe." Je m'arrête pour faire une pause. J'imagine bien la réaction de la mère pour les compétitions. Elle me dirait que je dois plus avoir confiance en moi, que j'ai un talent mais que je ne l'utilise pas suffisamment, puis elle reprendrait son repassage en souriant avec son air têtu qu'elle a quand elle est sûre d'avoir raison.

         Je reste un long moment à contempler la pierre tombale. Je me lève en sortant un collier de l'une de mes poches et le pose délicatement, derrières les fleurs pour éviter qu'on ne le vole. C'est un collier avec une longue chaîne. A son extrémité, il y a une pierre blanche incrustée dans un bois clair, lissé et vernis. C'était un cadeau de mon père, ma mère l'adorait. Elle l'avait fait tomber dans sa classe le jour de l'incendie et une maîtresse voulait que je passe à l'école pour venir le récupérer. Ce fut ce même jour que je croisai Fabien et que les problèmes n'arrêtaient pas de se succéder. Mais cela, je ne le raconte pas, j'en ai beaucoup trop honte. Donc je l'avais récupéré quelques semaines auparavant mais je n'avais pas eu l'occasion de le déposer sur la tombe.

         Je dis au revoir puis pars. J'arrive à la maison une demi-heure plus tard. Je salue Pascal et commence à monter quand il m'interpelle. "Léa, excuse-moi, j'aimerais te parler." Je me retourne, le rejoins et m'assois en face de lui.
    "Oui, qu'y a-t-il ?" Il me dévisage avec un air sombre quelques secondes comme s'il pensait que je savais de quoi il voulait me parler. Mais il m'expose finalement ses craintes.
    "Ça fait plusieurs jours que tu rentres tard, j'en ai fait la remarqué à Lucie et nous nous inquiétons pour toi... Il fait une pause en prenant une grande inspiration. Nous avons... enfin, c'était il y a de là deux moins, je le sais, mais nous craignons que tu ne retombes heu... dans ce problème, tu comprends ? Nous avons envie de te voir grandir normalement et dans les meilleures conditions possibles. Alors si jamais tu remettais les pieds dans cet... ce milieu, nous serions très mal pour toi." Je suis abasourdie, estomaquée, médusée, choquée. Ils croient pertinemment que je me drogue à nouveau. Je ne sais pas vraiment comment réagir face à cette déclaration. Je m'apprête à parler mais m'en abstiens. Je dois trouver les justes mots pour qu'ils ne le pensent plus. Pascal a un regard interrogatif, il attend une réponse de ma part, honnête si possible.
    "Non, non, ne vous inquiétez pas. Ça m'est arrivé une fois et je ne veux pas recommencer. Une fois c'est déjà trop. Je me sens bien, ne vous inquiétez pas. Aujourd'hui, je suis passée à la tombe de ma famille et les autres jours, je restais avec Mathis pour préparer une surprise à un ami.
    - Ah." C'était un "ah" de soulagement. Pascal, qui se tenait raide sur sa chaise, se détend et se laisse tomber sur le dossier de sa chaise. "Excuse-moi d'avoir douté de toi. J'en informerai Lucie alors..."Je le coupe.
    "Je préfèrerais lui en parler moi-même, si possible." Il secoue sa tête de haut en bas. Je me lève et recommence à partir.
    "Une dernière chose, Léa, dorénavant, je te ferai plus confiance, je te le promets, et si jamais j'ai un doute, je t'en parlerai au plus vite." Je lui souris et le remercie pour sa confiance. Je monte pour rejoindre ma chambre. Demain matin, je parlerai avec Lucie.

         J'abaisse la poignée, pousse la porte et entre. Une surprise m'attend. "Ophélie, que fais-tu dans ma chambre ?" Elle se retourne étonnée, elle est prise en flagrant délit, et cache ses mains derrière son dos. " Alors ?" Elle baisse son regard et gesticule de droite à gauche. "J'attends une réponse." Elle lève son regard jusqu'à mes yeux.
    "J'ai perdu une peluche.
    - Dans ma chambre ?
    - Bah... oui ?
    - Alors que caches-tu derrière ton dos ?" Elle rougit et un sourire narquois apparaît sur son visage.
    "Rien du tout.
    - Ophélie, cesse de mentir !
    - Oh, ça va ! C'est ton journal intime ! Je voulais juste savoir où tu en étais avec Laurent, puisque je ne l'ai pas vu depuis deux semaines !
    - Pardon ?" Je restée époustouflée devant sa franchise et sa maturité. A huit ans, je ne me préoccupais pas des affaires amoureuses de ma sœur. "Et en quoi ça te regarde ?" Je la fusille du regard. 
    "Tu es ma sœur adoptive et je veux savoir s'il deviendra mon futur beau-frère adoptif. "Je soupire mais elle n'a pas finit. "Et puis, je voulais aussi savoir si vous aviez passé le cap.
    - Quoi ?! Mais t'as vraiment huit ans ? On vous apprend quoi en classe ? C'est quoi cette société ?" Je n'aurais jamais pu être aussi choquée. Elle a huit ans et demi, ils ressemblent donc à ça les enfants de nos jours ? Ça me donne la chair de poule. Je lui ordonne de me rendre le journal. Elle m'obéit non sans ronchonner, puis elle s'installe sur mon lit, toute souriante. "Oh, on apprend à calculer, les multiplications, le futur simple, l'imparfait, la préhistoire.
    - Alors d'où tu me sors ça ?
    - Bah, de mes potes." Ça paraît tellement logique pour elle.
    "Et ils ont quel âge tes "potes" ?
    - Ils sont en CM2." Au moins, ils n'ont pas huit ans.
    "J'ai une autre question, pourquoi restes-tu avec eux ? Surtout s'ils ont deux ou trois ans de plus que toi " Elle me regardait droit dans les yeux mais en écoutant la question, elle baisse les yeux.
    "Ça ne te regarde pas." Je soupire. Je ne vais pas plus lui poser de questions. Je dois être mature pour lui montrer l'exemple. "D'accord, comme tu veux. Maintenant, sors de ma chambre s'il te plait, et ne rentre plus sans mon autorisation, d'accord ?" Elle hoche de la tête et sort en fermant la porte. Après-demain, mon professeur de sport est absent, je commencerai à onze heures. J'en profiterai donc pour passer à l'école d'Ophélie. Je pose mon sac contre le bureau et commence mes devoirs de la semaine.

         Vers dix-neuf heures et demie, Mathis m'appelle, au sujet de la surprise d'ailleurs. Nous parlons un long moment pour faire un rapport et tout mettre au point. Dans trois jours, ce sera l'anniversaire de Laurent, donc nous lui préparons une soirée entre amis. Il ne reste qu'un dernier problème à régler, avec qui est-il se weekend ? Avec sa mère, il n'y aura aucun problème, avec son père, c'est une tout autre histoire. Il ne voudra certainement pas que Laurent vienne si je suis présente ou alors peut-être voudra-t-il, lui, être présent. "Écoute, j'irai voir sa mère demain après les cours et nous trouverons bien une solution. Je te laisse, je dois aller mettre la table. Bonne soirée, à demain." Je raccroche après la réponse de Mathis et descends mettre la table.

         Le lendemain, je tiens toute mes promesses. Le matin, j'ai parlé avec Lucie et je l'ai rassurée. Elle m'a dit la même chose que Pascal, elle me fait confiance. Je partis donc contente e cours. Maintenant, le soir, je vais voir Marie, la mère de Laurent. Le problème est que devant la maison, je croise Olivier. "Léa." je le salue sans sourire ni grimacer. "Que viens-tu faire ici ?me demande-t-il.
    - je voulais voir Laurent." Je mens.
    "Bien, peux-tu attendre s'il te plait, je dois parler avec marie.
    - Vous voulez la convaincre de ne pas nous laisser ensemble." Dis-je sur l'affirmative.
    "Pourquoi cette conclusion hâtive et négative ? Non, ce weekend j'ai un imprévu et je dois partir en Angleterre. Je voulais juste savoir s'il était possible qu'elle et moi intervertissions les weekends et que Laurent soit avec elle. " La chance me sourit. Si elle accepte, il n'y aura aucun problème pour que Laurent vienne à la soirée surprise. "Au revoir, lui dis-je.
    - Au revoir." Dès qu'il part, je sors mon téléphone et appelle Laurent. Il décroche tout de suite.
    "Laurent, écoute-moi sans m'interrompre ni poser de questions. Tu as une minute pour dire à ta mère qu'elle doit accepter la requête de ton père. C'est très important (et j'insiste sur le "très"), d'accord ? Je te fais confiance, à plus !" et je raccroche immédiatement. Olivier est sur le palier et vient de toquer. J’espère que Laurent aura le temps de parler à marie. La porte s'ouvre une minute plus tard, c'est Laurent qui apparaît. Il fait entrer son père et m'aperçoit, alors il me salue de la main en souriant avant de refermer la porte. Du coup, je patiente sur des grosses pierres à côté de fleurs bleues dans le jardin de la maison, en stressant un peu. J'en profite pour tenir Mathis au courant de la situation en lui envoyant un message. Il me répond rapidement par un "OK. Merci. J'espère que ça marchera." Au bout d'un quart d'heure, Olivier sort en saluant Marie. Il passe devant moi sans dire un mot. Laurent sort et me rejoint, l'air interrogatif, sauf que c'est moi la première à poser une question.
    "Alors ? Ta mère a accepté ?" Il me regarde comme celui qui ne comprend pas tout.
    "Oui." Je soupire.
    "Tant mieux !
    - Tu m'expliques maintenant ?" Mince, je n'ai pas réfléchi à ce que j'allais lui dire. J'avais oublié que la curiosité existe.
    "Sans poser de questions... hein ?" dit-il en souriant. Je lui saute au cou. "Yes !" Il me fait ensuite entrer chez lui. Je salue Marie. A la première occasion, c'est-à-dire quand Laurent s'absente, je lui explique pour je tenais tans à ce qu'elle accepte la requête d'Olivier.
    "Ah ! C'est donc pour ça ! Bon, eh bien, attends-moi une seconde, je reviens." Je lui souris. Elle revient avec un cadeau dans les mains.
    "Profites-en pour le lui donner demain !
    - Vous ne serez pas là ?
    - Non, c'est pour ça, je te l'avoue, j'ai hésité à accepter. Je dois aller voir ma sœur ce weekend, et je n'ai pas très envie que Laurent reste seul, même s'il est très autonome.
    - Ah mince...
    - Non, non, ne t'inquiète pas ! Je le sais avec vous demain soir, alors c'est bon, aucun problème, profitez bien de la soirée !" Elle termine sa phrase juste avant que Laurent ne revienne. Nous parlons un bon moment puis je décide de rentrer, pour ne pas inquiéter Pascal et Lucie.

          Je me réveille en avance. Le réveil ne sonne que d'ici une vingtaine de minutes. Alors je referme les yeux et me rendors. Une fois réveillée par l'alarme, je me prépare comme chaque matin même si je ne commence qu'à onze heures. Une fois préparée, j'attends dans ma chambre qu'Ophélie parte à l'école. Je dois faire attention à ce qu'elle ne me remarque pas. Elle serait capable de piquer une crise. Elle part enfin vers huit heures. Je la suis discrètement jusqu'à son école. Une fois arrivée, j'attends qu'elle entre puis je me dirige vers un enseignant. Je lui expose ma situation et il me permet d'entrer dans l'établissement. Il reste une dizaine de minutes avant la sonnerie, donc je m'installe dans un coin de la cour. Celle-ci est étroite. Il y a un arbre au centre, trois tables de tennis de table, deux préaux et des toilettes pour filles et d'autres pour garçons. Deux enseignants surveillent les élèves, avec une tasse de café entre les doigts. Ophélie pose son cartable près d'un mur et rejoint deux garçons, beaucoup plus grands qu'elle en taille et en âge, certainement. Ils la saluent comme une amie et continuent leur discussion. Elle semble assez bien les suivre et discute elle aussi. Quand ça sonne, les garçons rejoignent leur classe, Ophélie récupère son sac et prend tout son temps pour rejoindre sa classe. Elle arrive en même temps que son enseignant. Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre la récréation.

         Pendant que je patiente, une jeune femme vient me voir. Elle est petite, enrobée, souriante, ses cheveux sont bruns et ses yeux sont bleus. Elle s'assoit à côté de moi, sur un banc.
    "C'est vous qui venez prendre soin d'Ophélie, alors ? C'est gentil de votre part. Je m'appelle Véronique, je suis l'infirmière de l'école.
    - Bonjour, moi c'est Léa.
    - Je m'en doutais, Ophélie vient me parler de temps en temps. Et elle m'a déjà parlé de vous. Elle vous admire." Encore une surprise de la part d'Ophélie. Elle qui paraît tant me méprisait m'apprécie finalement. Je vais garder cette information dans un coin de mon cerveau.
    "Elle m'a dit que vous étiez forte et gentille, que vous vous inquiétiez facilement quand il s'agit des personnes que vous aimez et que vous ne jugiez pas les gens sur leur physique, et c'est pour ça qu'elle vous admire." Ce doit être ça. Ophélie a les yeux vairons, son œil droit est bleu très clair et le gauche est marron foncé, presque noir. Ça ne m'a jamais dérangé car je juge une personne sur son caractère et non sur son physique. Est-il possible que ses camarades de classe se moquent d'elle ?
    "Non, en effet, je ne vois pas pourquoi je devrais l'éviter comme la peste.
    - Et vous avez raison." Un silence s'installe. Puis Véronique me dévisage. "C'est un chat qui vous a fait ça ?- Pardon ?
    - Les cicatrices que vous avez sur vos joues, c'est un chat qui vous les a faites ?
    - Ah ça... haha, oui, et ce n'était pas une partie de plaisir.
    - Je vous comprends. Vous voulez un café, sinon ? Je vais m'en faire un.
    - Ah oui, avec plaisir.
    - D'accord, je reviens." Elle se lève et se dirige vers une petite salle. Certainement l'infirmerie ou la salle des enseignants. Elle revient comme promis avec deux cafés. Elle me tend une tasse que j'accepte en la remerciant. Nous parlons de son métier et de la quatrième jusqu'à ce que la récréation arrive. Véronique repart dans sa salle. Je jette la tasse en plastique dans une poubelle non loin du banc et attends de voir Ophélie. Cette dernière arrive dans la cour après toute sa classe. Les garçons de tout à l'heure sont près de l'arbre et discutent entre eux. Ophélie se dirige vers eux mais deux filles l'arrêtent. Elles lui parlent, je n'entends pas ce qu'elles lui disent mais je vois la réaction d'Ophélie. Elle fronce des sourcils et se retient de parler. Les deux filles se mettent à rire et Ophélie fuit en les bousculant. Elle se dépêche de rejoindre ses deux amis. Les filles, qui la suivaient, s'arrêtent. Alors les garçons se tournent vers elle et l'un deux les réprimande. Maintenant, je sais que les garçons prennent sa défense et que, certainement, les personnes de sa classe se moquent d'elle pour sa différence physique. Les filles partent rejoindre un groupe d'enfants. Je me lève du banc et les rattrape. J'attends qu'ils soient tous ensemble pour leur adresser la parole. "Excusez-moi, qu'avez-vous contre Ophélie ?" Les filles, dos à moi, se retournent et me dévisagent. Je suis bien plus grande qu'elles, je ne crains absolument rien. L'une d'elles prend la parole.
    "Elle est moche.
    - Et c'est une raison pour vous moquer ?
    - Bah..." et elle me sort un petit oui gêné. Je prends un air grave.
    "Non, ce n'est pas une raison suffisante ! Vous, vous n'êtes ni belles ni moches, mais vous êtes bê-tes ! Donc je pourrais très bien me moquer de vous, mais je ne vais pas le faire, car je suis plus intelligente que vous. Vous avez intérêt à arrêter de vous moquer d'Ophélie et de lui présenter des excuses. Suis-je bien assez claire ?" Elles hochent de la tête en symphonie. Je lève mon regard vers les autres enfants. "Ça vaut aussi pour vous, j'imagine." Eux aussi hochent la tête. Je reste quelques secondes avec un regard froid puis m’en vais. Ophélie a vu la scène et me regarde avec un air réprobateur. Je soupire mais continue mon chemin sans m'arrêter. Sauf qu'elle m'attrape par le bras.
    "Pourquoi tu leur as parlé ? Je croyais que t'allais pas te mêler de mes affaires, hein ! J'te faisais confiance, et toi, tu m'humilies ! Je sais très bien me défendre moi-même, mais non, il fallait que tu viennes fouiller dans mes affaires ! J'te déteste !" Et sur ce dernier mot, elle part en colère, avec des larmes aux bords des yeux. Je soupire une nouvelle fois. Elle va m'en vouloir un long moment, mais c'est pour son bien. Je préfère ça plutôt que les autres élèves de sa classe continuent de se moquer d'elle et qu'elle se sente mal psychologiquement. Je remercie l'enseignant qui m'a laissé entrer en sortant de l'école et je me dirige vers l'arrêt de bus.
    J'espère tout de même que j'ai fait le bon choix.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 23 Octobre 2014 à 13:43

    J'ai hates de lire la suite . Je sais j'ai pris pas mal de temps pour le lire mes avec les cours je suis rarement présente sur ekla ^^"

    2
    Jeudi 23 Octobre 2014 à 16:01

    Merci ^^

    Ne t'inquiète pas, c'est pareil pour moi x)

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    3
    Jeudi 23 Octobre 2014 à 18:19

    D'accord ^^

    4
    Mardi 30 Décembre 2014 à 23:30

    super!!! (juste a un moment y une petite confusion avec le prenom de pascal, tu l'appelle olivier) sinon c'est vraiment super :)

    5
    Mercredi 31 Décembre 2014 à 11:05

    Merci x2 x) J'avais pas capté ...



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