• Chapitre 7

    Chapitre 7: Le calme n'est pas encore là

    Après les décès, les bagarres et tout ce qui va avec, c'est au tour du père de Laurent à venir nous empêcher d'être au calme. Il est contre notre relation pour une raison que je ne connais toujours pas... 

     

     

     

    J’allume la lumière de la salle de bain et regarde mon reflet dans le miroir. Mes joues cicatrisent relativement bien. Je me douche puis finis de me préparer. Je pars directement au collège. Nous avons un contrôle de français et un d’histoire. Julie et Amélie veulent que nous révisions la musique que nous devons chanter en fin d’année. Les contrôles se passent bien, voire très bien en français. Je n’ai toujours pas digéré mon zéro pour l’activité non-faite en histoire, mais je dois m’y faire. Je passe le midi en compagnie d’Émilie. Et de Lucas. Ensuite nous reprenons les cours et finalement, pendant la récréation, Julie, Amélie et moi révisons Just the way you de Bruno Mars. Juste un peu avant la sonnerie, Laurent vient me voir. Nous parlons jusqu’à ce que ça sonne, c’est-à-dire moins d’une minute, puis il m’accompagne à mon prochain cours.

    Les cours enfin terminés, je sors du collège et me dirige vers le bus. Je regarde le parking pour voir si je peux apercevoir Laurent, mais non. En revanche, je vois son père. Il est debout, à côté de sa voiture et m’observe avec insistance. Je baisse le regard et continue ma marche jusqu’à l’autocar. Il m’interpelle. Je m’arrête sans me retourner. Il s’approche sans dire un mot. Nous nous regardons puis il me dit de venir et qu’il me raccompagne « chez moi ». Je monte dans la voiture et mets la ceinture.
    « - Déjà, laisse-moi me présenter, dit-il, je m’appelle Olivier Airmont, le père de Laurent, comme tu le sais déjà. » Je le regarde. « La politesse c’est de se présenter, jeune fille.
    - Je m’appelle Léa Camiret, et je suis la fille qu’aime Laurent, comme vous le savez déjà. » Je regrette déjà d’avoir répondu du tac au tac, mais c’est trop tard. Je dois avouer que son regard pourrait faire fuir un loup, voire même un ours, mais je garde mon calme. Il aperçoit Laurent au loin et démarre la voiture. Nous partons et il ralentit quand nous passons devant lui. Laurent lance à son père un regard inquiet et abasourdi.
    « - Tu sais aussi très bien pourquoi je suis venu te voir. » J’acquiesce d’un hochement de tête. Il fait une pause de quelques secondes puis reprend :
    « - Je veux que tu arrêtes de voir mon fils. C’est mauvais. » Il refait une pause. J’ai envie de lui répondre « Et bah merci ! » mais je préfère m’abstenir de toute réponse, quel qu’elle soit.
    « - Pour vous deux. » finit-il par avouer. Je me demande bien pourquoi. Nous ne sommes pas les seuls adolescents à être ensemble.
    « - Donc je te le redis, une dernière fois, laisse-le tranquille.
    - Je refuse.
    - Voyez-vous ça. » Il s’arrête sur le côté de la route. Je lui indique où j’habite. Il redémarre.
    « - Pourquoi ne voulez-vous pas que nous soyons ensemble ? Quel mal y a-t-il ? Quelles sont vos raisons ? demandé-je.
    -Parce que. C’est comme ça et pas autrement. » Je soupire en réfléchissant.
    « - Peut-être que vous avez vécu quelque chose qui s’est mal terminée, mais ce n’est pas la même chose pour tout le monde. Je ne laisserai rien ni personne lui faire du mal. Et encore moins moi-même. Vous ne me connaissez pas, c’est vrai, et de ce fait vous n’avez pas confiance en moi, ce qui est tout à fait compréhensible, mais je sais aussi qu’une chose est sûre, je l’aime. Et lui aussi. Vous ne pouvez pas le contester.
    - En effet. » Nous entrons dans Valeythe. « D’ailleurs... » Nous passons par la place de l’Église puis prenons le chemin qui monte.
    « - Oui ? C’est tout droit.
    - J’aimerais bien rencontrer vos parents, ou votre père déjà, ça ne serait pas plus mal. » Il arrête la voiture face au portail de la maison. J’ouvre la porte en le regardant.
    « - Je suis orpheline.  déclaré-je avant de fermer la portière sans attendre une réponse de sa part ». Je sors mes clefs et ouvre le portillon. Je le vois très bien, il est consterné et  repart.  Je bois un verre d’eau et monte faire mes devoirs. Vers dix-huit heures, Laurent m’appelle. Il demande ce que me voulait son père. Je lui réponds donc qu’il n’a pas digéré le fait que son fils ait une petite amie. Nous parlons un petit moment puis avant qu’il raccroche, je lui demande ses adresses, puisque ses parents sont divorcés. Il me les donne, pas très  confiant puis raccroche. J’ai une idée à laquelle je pense toute la nuit. Je finis tout de même par m’endormir pour deux heures de sommeil profond.

    Le lendemain, je cogite à l’idée d’aller voir Laurent. J’inquiète même Mathis avec mon teint pâle. Je décide, malgré tout, de lui raconter la situation dans laquelle Laurent et moi nous trouvons. Il ne répond rien, il réfléchit. Puis il me regarde.
    « - Tu as changé Léa. Tu n’es plus du tout comme avant. Bon, c’est normal mais... hésite-t-il. Ça me manque le temps où nous étions tout petits. Quand nous avions quatre ans... » Je le regarde, sans dire un mot, attendant la conclusion. Il soupire puis sourit. Il me conseille de parler longuement avec Laurent, d’éviter de mettre en œuvre  le soi-disant plan que j’ai imaginé. Je le remercie et pars chercher Laurent. Je me retourne. Il me regarde, souriant mais inquiet. Malgré ce qu’il m’a dit, je dois convaincre le père de Laurent de nous laisser ensemble. Oui, il est son père, mais il ne peut pas diriger entièrement la vie de son fils. Laurent a le droit de faire des choix. Ce soir, après les cours, j’exécuterai mon plan, quoiqu’en dise et en pense Mathis.

    Les cours sont vraiment longs, mais j’arrive à les supporter. Le midi, je mange avec Émilie. Nous discutons de diverses choses. Lucas nous rejoint, avant que les cours reprennent, avec dans ses mains un coréopsis. Il s’approche d’Émilie et lui offre la fleur.
    « - Ça signifie la joie ! lui dit-il en souriant. » Elle lui fait un câlin et le remercie avant de partir en classe. Ils sont beaux ensemble.

    Nous partons en classe de sciences. Nous travaillons sur la reproduction humaine. Je ne me demande pas pourquoi tous les garçons ont hâte d’aller en cours, pour une fois. Je m’installe à côté de Mathis qui m’observe. Je sais très bien ce qu’il pense. Eh bien non ! J’ai tout prévu depuis hier, et je compte bien faire ce qui est à faire. Le professeur commence le cours. Je regarde Clément. Il n’aime pas ce chapitre, il préfère ce qui concerne la géologie. J’écoute le cours tout en pensant à ce soir. Quand le cours se termine enfin, nous sortons et rentrons le plus vite possible dans les couloirs. Il se met à pleuvoir. Pourtant il fait assez chaud. Nous rejoignons le cours de musique. Nous travaillons sur le jazz. Enfin un sujet que je connais bien. Le professeur nous parle de Bill Evans et ensuite d’une musique en particulier, Someday My Prince Will Come. Un grand classique.

    Le dernier cours, physique-chimie, est le plus long de toute la journée. Enfin c’est une impression. Je ne peux pas m’empêcher de regarder l’heure toute les minutes. Je dois essayer de me concentrer. Je pose ma montre et lève la tête pour regarder le tableau. J’écoute le professeur mais ne comprends rien à ses propos. C’est un peu comme s’il parlait une langue que je ne connais pas. Je dirige mon regard vers ma camarade. Elle non plus ne semble pas comprendre le cours. Je prends les notes tout en continuant de regarder l’heure. Quand le professeur nous donne un exercice pour appliquer la leçon, il ne reste que cinq minutes. J’ouvre le livre à la bonne page et observe l’exercice. J’ai beau lire et relire l’énoncé, je ne saisis pas ce qu’on nous demande de faire. Puis, pendant que j’essaye de faire l’exercice, la sonnerie retentit. Je range mes affaires le plus rapidement possible et sors de la classe en toute hâte. Dès que je sors de l’enceinte du collège, j’appelle ma famille d’accueil pour les prévenir que je rentrerai plus tard que d’habitude. Je rejoins le car que Laurent prend et m’assieds tout au fond. Quelques minutes plus tard, Laurent monte dans le bus et ne me remarque pas. Heureusement. J’attends, du coup. Et c’est long d’attendre. J’observe les personnes autour de moi, leurs manies, leur manière de parler, de considérer autrui et leur façon d’être. Je dois avouer que la plupart des jeunes m’écœure. Ils ne savent même pas respecter leurs propres amis et leurs propres parents. C’est donc ça l’adolescence ?

     Le bus démarre enfin. Je lève mon regard pour voir Laurent. Il discute avec un ami à lui, Théo. Je prends mes écouteurs et mets de la musique. Dès que je relève la tête, un garçon, de troisième je présumé, rit. Je le regarde droit dans les yeux. Oui, c’est bien de moi qu’il se moque, mais je n’en connais pas les raisons. Peut-être est-ce parce que je ne suis pas de son village ? Ou à cause de mes cicatrices ? Il se retourne puis c’est au tour de son ami de me regarder et de rire. Sans aucun doute, c’est pour les cicatrices. J’arrête ma musique et lui demande ce qui ne va pas. D’autres personnes rigolent et quelques autres nous ignorent.
    « - T’as vu ton visage ? Lol ! Tu te crois où ? » Me répond le premier garçon. Je ne dis rien. Ce serait plutôt à moi de poser cette question. Il ne me connait pas, alors comment se permet-il de rire de moi ?
    « - T’es pas capable de parler ? En plus de sortir de l’asile, t’es muette ! Haha, elle fait pitié.
    - Tu fais bien plus peine à voir que moi, tu sais ? » Il me regarde de travers et puis rigole avec son ami.
    « - Sérieux, pourquoi t’as des marques sur les joues ? » Me questionne le deuxième garçon. Je ne lui réponds pas.  À quoi bon ? Ça ne les concerne en rien.
    « - Tu pourrais au moins répondre à tes ainés ! » Des gens se mettent à rire. Il fallait que ça arrive aujourd’hui.
    « - Alors ?
    - Alors rien. » Il commence à s’énerver.
    « - Ça fait mal ? » Il pose ses mains sur les cicatrices que je retire directement.
    « - Ne touche pas. » Il ricane avec son ami. L’un deux déclare qu’ils ont affaire à une bête de foire et ils en rigolent.
    « - Fichez-moi la paix.
    - N’y compte pas trop. C’était pas ton but d’attirer l’attention avec ces cicatrices ? » Je remets la musique en décidant de les ignorer. Enfin en essayant. Ils continuent de se moquer. Je n’en vois même pas l’utilité mais bon. Il commence à y avoir beaucoup de bruit entre Iron Maiden et leur conversation. Je dois les ignorer, c’est la façon la plus sage de réagir, je pense. Je monte le son même si j’en ai horreur. Je les entends tout de même.
    « - Tu crois que t’arriveras à avoir un copain avec ces cicatrices ? On n’est pas dans un jeu d’aventure tu sais ? Ici, tu dragues pas des mecs parce que tu sais te battre. Nous, les filles, on aime qu’elles soient propres, maquillées, belles quoi. Pas des folles dans ton genre. Et même si t’avais un copain, il casserait à la première seconde où il te verrait avec ces trucs.
    - Ou alors il sortirait avec elle juste pour faire genre « j’ai une meuf les gars ! » mais le pauvre, prendre la première venue ! » Là, ils sont allés trop loin. J’éteins la musique, range mon portable et me lève. Ils me regardent en riant. Ils me dégoûtent. L’exemple typique de garçons qui ne savent rien faire d’eux-mêmes, qui, comme ils l’ont dit, ont des copines juste pour faire genre et qui ont des notes tellement basses que mêmes toutes réunies, elles ne dépasseraient pas la température hivernale classique. Et ça, je ne crois pas l’avoir dit seulement dans ma tête quand je vois leur visage. Le garçon devant moi se lève. Il me dépasse d’une dizaine de centimètres.
    « - Tu te prends pour qui, sérieux ? T’es une intello ? Ça ne le fait pas avec ta tête de psychopathe.  Tu cherches la merde, c’est ça ? » Je soupire.
    « - Pas la peine... » J’ai l’impression qu’il est vraiment énervé maintenant. Je recule au maximum, c’est-à-dire de moins de cinquante centimètres. Je sens déjà le coup partir. Mais je n’en vois pas la logique. S’il a de mauvaises notes, je ne vois pas pourquoi il s’énerverait pour si peu.
    « - Tout les garçons ne sont pas comme toi. Peut-être que tu n’aimes pas ses cicatrices, mais elle ne s’est pas amusée à se les faire elle-même. Elle est intelligente, elle. Et si tu poses ne serait-ce qu’une main sur elle, ça ira mal pour toi, tu as compris ? » Je tourne ma tête vers Laurent,  étonnée. Il porte un regard protecteur sur moi. Je rougis. Le troisième s'assoit sans dire un mot. Laurent prend mes affaires et ma main. Il me fait m'installer à côté de lui. Il me sourit et demande ce que je fais dans ce bus. L'entendre me fait penser que je ns lui ai pas parlé de toute la journée. Je lui souris, toujours hébétée mais ne réponds rien. Il rigole. Un ton rose, un peu rouge, recouvre ses joues. Je regarde les collégiens autour de nous. Ils nous observent étrangement. Mais aucun d'eux nous critiquent.
    «- Au fait, Léa...» Commence Laurent. Je me tourne vers lui.
    «- Je... Tu comptes voir mon père ?
    - Oui. Je veux qu'il comprenne et qu'il accepte.
    - Je vois... Il vaudrait mieux que tu évites de le rendre furax, il s'énerve assez facilement.» Il est vrai qu'il s'énerve facilement. A chaque rencontre avec lui, il s'est énervé. J'acquiesce d'un hochement de la tête. Je regarde Laurent dans les yeux.
    « - Oui ? » Je garde le silence. J'ai l'impression que ça va mal se passer avec son père, comme s'il allait dire quelque chose de triste mais qu'on ne peut changer.
    « - Rien. Je suis contente d'être avec toi, c'est tout.
    - Haha ! » Il baisse la tête en rougissant puis il me regarde.
    « - Moi aussi je suis content. » Je lui souris. Le bus s'arrête pour le premier arrêt et repart. Nous descendons au second arrêt. Je suis Laurent. Il avance d'un pas rapide. Nous traversons plusieurs rues dont quelques unes sont fleuries. Au bout d'un moment, Laurent ralentit et me regarde. Je lui souris. Il sort les clefs de sa poche et ouvre la porte de sa maison. Il me fait entrer. J'enlève mes chaussures et les pose là où il me le demande. Il me montre quelques pièces puis le salon. Nous voyons son père en compagnie d'une femme ayant la trentaine environ. Dès qu'elle nous remarque, elle se lève pour nous saluer. Son père aussi, mais il semble surpris de me voir. Je dis bonjour poliment.
    « - Bon, et bien, je vais vous laisser et je vais m'occuper de ce dossier pour demain. Bonne soirée. » dit la femme. Elle se lève et nous salue une nouvelle fois avant de partir. Olivier, le père de Laurent, m'observe puis me demande ce que je fais ici.
    « - Assieds-toi. » me dit Laurent. Je m'assois sur le canapé en posant mon sac puis répond au père de Laurent:
    « - Je suis venue vous voir.
    - D'accord. Avant que tu dises quoi que ce soit, excuse-moi pour la dernière fois, je ne savais pas que tu n'avais plus...
    - Vous ne pouviez pas savoir. » lui dis-je en lui coupant la parole. Laurent revient avec deux verres d'eau. Il m'en passe un et je le remercie. Il s'assoit puis se relève brusquement:
    « - Peut-être vous voulez parler juste vous deux... dit-il gêné.
    - Non, tu peux rester. » lui répond son père. Il se tourne vers moi et me demande:
    « - Alors, que voulais-tu me dire ?» Je réfléchis quelques secondes aux mots que je vais utiliser. Pour éviter de dire quelque chose de travers. Mais ce que je pense sincèrement, je dois le lui faire comprendre. Il me prend peut-être pour une de ces filles qui sortent quelques jours avec un garçon pour rompre aussitôt qu'elles en auront rencontré un plus beau. Je ne suis pas comme elle et je ne le serai jamais, je me dégoûterais moi-même si je devenais ainsi. Je n'aime pas Laurent parce qu'il est beau ou parce qu'il est gentil, je l'aime parce qu'il est lui, et personne d'autre. Je lui ai apporté beaucoup de problèmes et je m'en veux. Maintenant, je veux lui apporter le bonheur, et mon amour. Je ne connais pas toutes les personnes de cette planète, mais je suis sûre d'une chose, je n'en aimerai pas d'autre. C'est possible qu'on ne me croie pas, qu'on me dise que je suis beaucoup trop jeune pour faire de telles avances, mais je me connais suffisamment pour savoir que c'est la vérité. Je sais aussi que je ne lui ferai pas de mal. S'il ne me croit pas, je peux lui prouver que je tiens ma parole. Mais pour ça, il faudrait qu’il me laisse être avec Laurent, avec ou sans son consentement. Au moins, je pourrai lui montrer ma sincérité.
    « - Tu n’as pas l’air méchante. Je comprends ta façon de penser. Mais ce n’est pas pour cette raison que je ne veux pas que vous soyez ensemble. » Laurent se lève brusquement.
    « - Papa, s’il te plaît... Léa et moi ne sommes pas comme toi et maman. Nous ne sommes pas du tout pareils !
    - La connais-tu assez bien pour dire ça ? » Je ne comprends pas de quoi ils parlent. Peut-être est-ce le même sujet que celui à l’hôpital. Olivier se tourne vers moi et me dévisage.
    « - Oui. Je la connais. Je sais qu’elle n’est pas comme ça. Tu sais pas tout ce qui lui est arrivé ces derniers temps, si tu le savais, tu ne la verrais pas en mal ! Léa est gentille, elle aime ses proches et les aide quand ils ont des problèmes. Elle est la première à se soucier des autres, la première à se rendre compte quand quelque chose va mal, la première à s’inquiéter. Elle sait utiliser sa tête, parfois elle est têtue et fonce tête baissée, et ces dans ce cas-là...
    - J’ai compris, Laurent. Assieds-toi et tais-toi. » Laurent obéit et s’assoit.
    « - Quand j’avais dix-sept ans, Marie, la mère de Laurent, est tombée enceinte de Laurent. Elle avait à peine seize ans. Son père a failli me tuer avec un couteau quand il l’a appris. Il m’a forcé à donner à l’avance de l’argent à Marie, une très grosse somme, et de partir afin de ne plus jamais la revoir. Elle, et bien sûr Laurent. Évidemment,  trois mois après sa naissance, marie et moi nous sommes donnés rendez-vous pour que je puisse le voir. Ça s’est mal passé entre elle et moi. Elle me reprochait de ne pas avoir tenu tête à son père. Limite, elle me détestait. Nous avons décidé de ne pas se mettre ensemble mais elle m’autorisa à voir Laurent dès ses trois ans, pour qu’il puisse avoir un père. Si elle n’était pas tombée enceinte, nous serions encore ensemble. Mais voilà le résultat. Dis-moi que tu ne tomberas pas enceinte, tout comme Marie. Ça faisait déjà six ans que nous étions ensemble, dès son entrée en sixième. Tu vois, nos « nous resterons toujours ensemble » étaient faux finalement. Tu peux me jurer que tu l’aimes vraiment, je ne remettrai pas ta parole en doute, mais je sais que ce sera faux. Alors je te conseille de partir et de le laisser tranquille. Ou si tu l’aimes vraiment, d’attendre. Attendez d’être adultes et là vous ferez ce qui vous chantera. Mais pour le moment, mon fils n’est que mineur et je ne lui autorise pas à avoir une petite amie.
    - Comme l’a dit Laurent, nous ne sommes pas pareil que vous. » Je vois dans son regard qu’il commence à s’énerver. « Et alors pourquoi Marie n’est pas contre notre couple ? Pourquoi juste vous ? » Il ne me répond pas. Il doit peut-être être étonné de la réaction de Marie, ou il réfléchit.
    « - Marie c’est Marie et moi c’est moi. Je suis contre votre relation. Point final. Maintenant, sors de chez moi. » Je me lève en le regardant droit dans les yeux.
    « - Merci pour votre hospitalité. Passez une bonne soirée. » Laurent se lève aussi en lançant un regard noir à son père.
    « Passe le bonjour à ta mère de ma part. » lui dit son père avant que Laurent ferme la porte. Il marche vite, sans me regarder. Il rentre chez sa mère je présume. Le voir comme ça me fait prendre conscience qu’il est vraiment grand.
    « - Tu veux venir chez moi ? » Il ne me regarde toujours pas. J’aimerais bien mais demain nous serons mercredi et il y a encore cours.
    « - Si tu t’inquiètes pour la réaction de ta famille, nous pouvons les appeler. » Je souris. Il paraît froid mais il est juste en colère contre son père. 

    Nous arrivons chez sa mère. La maison est allumée. Il ouvre la porte et la prévient de ma présence. J’enlève mes chaussures et suis Laurent jusqu’au salon. Marie arrive toute souriante et me salue. Elle porte une robe rouge de soirée. Laurent est étonné en la voyant.
    « - Tu sors ? 
    - Eh oui ! Héhé, j’ai un rencard !
    - Un... un rencard ?
    - Mais oui ! Tu sais, avec le garçon du restaurant de samedi ! Celui que je trouvais trop mignon ! Il m’a attendue hier !
    - Hier ?
    - Ah oui, je ne t’ai pas dit. J’y suis retournée, au restaurant, prendre un café. Et il m’a attendue puis m’a abordée. Aujourd’hui, nous sortons ensemble ! Nous avons bien parlé hier et nous avons plein de points communs ! C’est fou !
    - Le blondinet ?
    - Mais non ! Le rouquin, voyons ! Le blond était beaucoup trop vieux ! Il s’appelle Simon, il a trente-trois ans et il est le patron du restaurant. C’est un restaurant familial.  Il est super sympa ! Il est fan de l’Egypte et des voyages. D’ailleurs il est allé un peu partout dans le monde : en Thaïlande, au Brésil, au Kenya, en Australie, et j’en rate ! » La sonnerie retentit. « Justement, c’est lui ! J’y vais mon cœur, il y a des restes dans le frigo. Léa tu peux rester si tu veux, ça ne me dérange pas. Je rentrerai vers vingt-trois heures ou minuit, on verra bien, bonne soirée les tourtereaux ! » Elle part en courant et en claquant la porte. Laurent et moi nous regardons hébétés puis rigolons en même temps.
    « - Je ne savais pas que ta mère était si pleine de vie.
    - Oui, elle est comme ça quand elle est heureuse.  me répond-il en souriant. Du coup, tu restes ?
    - Eh bien... Oui. Je vais prévenir Lucie. » Je sors mon portable et compose le numéro. Pendant ce temps, Laurent va chercher des verres d’eau. Ca sonne mais personne ne répond. Je rappelle une seconde fois pour être sûre et cette fois-ci, Olivier décroche.
    « - Bonjour Olivier, c’est Léa.
    - Ah ! Où es-tu ?
    - Chez un ami. D’ailleurs ce soi...
    - Rentre vite, le voisin va faire un meurtre !
    - Le voisin ? Pardon ? Un meurtre dis-tu ? » Laurent se tourne, inquiet.
    « - Oui ! Ton chat a fait des ravages et il le poursuit avec un fusil !
    «- Lightning ! J’arrive tout de suite ! » Je raccroche et regarde Laurent désolée. Il m’ouvre la porte et me regarde partir en courant. Encore heureux qu’il habite vers la fin du village, je n’ai que deux kilomètres à parcourir avant d’arriver à Valeythe. Enfin arrivée, je ralentis pour gravir la dernière montée. J’atteins le portail. Le voisin est furieux. Il me voit et je sursaute. J’ai eu l’impression qu’il allait me fusiller.
    « - Vous êtes la maîtresse du chat ?
    - Heu... Oui...
    - Apprenez-le à bien se tenir ! C’est une vraie peste ! Il a saccagé tout mon jardin ! Toutes les fleurs et toutes les pousses de bambous ! Vous imaginez ?! Il en faut du temps pour tout faire pousser ! Si je le revois ne serait-ce qu’une seule fois dans mon jardin, je n’hésiterai à le tuer ! Me suis-je bien fait comprendre ? » J’acquiesce d’un hochement de tête et il repart chez lui. Lightning accoure jusqu’à moi et miaule.
    « - Eh ben dis donc, tu as semé la pagaille toi. Attention, je ne voudrais pas te perdre, alors s’il te plait, ne va plus chez lui, d’accord ? » Elle se frotte à ma jambe en ronronnant. En plus, elle est fière d’elle. Elle repart en courant puis revient avec une souris. Je comprends mieux pourquoi elle est contente. Elle pose la souris à mes pieds et me regarde comme si elle attendait un compliment. Je lui dis que c’est bien et la prends dans mes bras. J’entre dans la maison est la repose parterre. Olivier vient me voir inquiet. Il aperçoit Lightning et soupire. Je m’excuse pour le dérangement.
    « - Ce n’est rien, ce n’est rien. J’ai vraiment cru qu’il allait la tuer, tu sais ? » Je lui souris en signe de réponse.

    Après avoir mangé, pris un bain et fait mes devoirs, je m’allonge sur le lis en compagnie de Lightning et réfléchis. Comment allons-nous faire avec le père de Laurent ?


  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Août 2014 à 10:25

    Hâtes de lire la suite ! Tu l'as publie quand ?

    2
    Mercredi 20 Août 2014 à 11:48

    Merci ^^
    Je ne sais pas, assez bientôt je pense, mais ça va être minimum dans une semaine.

    3
    Mercredi 20 Août 2014 à 11:50

    d'accord merci de l'info ;)

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    4
    Mercredi 20 Août 2014 à 11:50

    Avec plaisir !
    Et merci à toi de suivre cette histoire ! :)

    5
    Mercredi 20 Août 2014 à 11:55

    Mais derien ! ^^ J'adore ton histoire :)



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